Version américaine

Sur la trace de mon cousin Etienne TROUFLEAU, alias Jean DORSENNE, journaliste et écrivain parisien dans les années trente, je téléphone un matin de Février 96, d'une cabine téléphonique de la gare du nord à Paris à Claude STAUDERMAN, sa fille, dans un petit village d'Angleterre. En fait Claude est la fille de sa deuxième femme, née Sofia Cuéto.

Claude Stauderman

La floride

Claude

Claude est aujourd'hui en Floride

Leslee POULTON de l'Université d'Indiana aux USA a écrit un mémoire sur Dorsenne en 86 et m'accompagne. J'ai retrouvé Mlle POULTON en juin 95 dans l'état du Wisconsin USA. 

( Pub : Le livre de Leslee, cliquez ici ).

Claude est surprise mais cependant comprend vite la situation ; "Jean Dorsenne est l'homme de ma vie", tel sont ses premiers mots, Claude précise que son vrai nom est Etienne, cependant elle continue à l'appeler Jean . Elle semble très émue. Je lui demande si elle compte venir en France, elle me propose de passer en Angleterre.
.. .Le soir même, j'envoie des articles de presse sur Dorsenne en Angleterre. Des réception Claude m'appelle. Elle a bien reçu mon courrier et déclare être née en octobre 1923, donc après un rapide calcul, elle avait sept ans lors du mariage de Dorsenne avec sa mère et vingt deux ans lorsqu'il est mort. Claude a aujourd'hui soixante douze ans. Elle s'attache aux circonstances de la mort de Dorsenne, me fait part de la lettre du docteur P.Raine de Fontenay aux roses, je cite; "D'autre part en ce qui concerne Jean Dorsenne, journaliste et écrivain parisien, de son vrai nom je crois, TROUFLEAU, il est mort à l'hôpital du Zwielege dans mon camp au mois de février environ, je l'ai fais admettre pour une pneumonie et malgré tous mes soins, en quarante huit heures, il à été emporté, j'ai moi même assisté à ses derniers moments et constaté sa mort... Claude me fait part de ses doutes concernant cette lettre et se demande si le docteur Raine n'a pas voulu l'épargner, si la version de Francis Carco n'est pas la bonne ; ( abattu par un SS au camp d'Oranienburg ) Claude me cite une autre lettre , cette fois écrite par Dorsenne où il a noté ; "problème de la souffrance, est elle bonne pour le salut, cela dépend de la façon dont on l'accepte."

Je sollicite une entrevue en Angleterre pour mercredi ou jeudi. OK pour jeudi.
Jeudi , il faut se lever tôt, quatre du matin pour prendre le car-ferry à Calais à huit heure trente et pouvoir être chez Claude vers midi . De plus la météo n'est pas bonne, tempête de neige. Qu'à cela ne tienne et vogue la galère. Nous espérons simplement que le car-ferry ne sera pas comme "le bateau ivre", roman autobiographique de Dorsenne où le navire qui devait l'emmener à Tahiti, échoue sur les côte de Panama.

.

bibl.jpg (36031 octets)

La bibliothèque de Claude en Floride
indiana.jpg (58534 octets)
.cla6.jpg (13348 octets) Ci-dessus, l'université de Leslee Poulton, ci-contre Claude (à droite) au Colorado devant la cadilac.

Nous arrivons cher Claude et Bruce vers 13 h ,heure française, ce jeudi 22 février 96. Notre visite, trop courte bien sûr durera 5 heures. 

( Pub : Le livre de Bruce, cliquez ici )


Apres une petite heure dans le salon à se présenter et exposer les circonstances, Claude nous emmène dîner au Pub où elle a réservé une table, nous y resterons jusqu'à 16 h. Au cours du repas, je suis placé en face de Claude et Leslee en face de Bruce et en fait, bizarrement, alors que tous parlent le français, je discutais essentiellement avec Claude en français, tandis que Leslee conversait avec Bruce en anglais ou plutôt en américain.

 


Claude et Bruce se sont connu à Paris pendant la guerre. Bruce ,officier américain faisait parti de l'intelligence service. Septembre 1944, son ami John Wade Wimer ( Jack ) connait Claude et sa mère Sofia. Bruce veut faire des connaissances à Paris. Comme il parle le français, son ami Jack lui demande de l'accompagner chez Sofia et Jean à une réception. C'est ce soir là que Bruce fera la connaissance de Claude au 11 avenue Victor Hugo à Paris.

Jean Dorsenne participe à la résistance.Il fait partie d'un groupe de résistants d'une trentaine de personnes. Pour mettre Claude à l'abri, Jean et Sohie envoie Claude en Bretagne chez leur amie Jacqueline. Un jour la père de Jacqueline demande aux deux filles d'allez faire une course chez le tailleur. Chez celui-ci, Claude se saisi d'un encrier et dessine un V de la victoire sur un uniforme Allemand. Ceux-ci ne vont pas apprécier son art, de retour à Paris Claude fête ses 18 ans le 7 octobre 1941, deux jours après, au retour de l'école Jean l'attend devant la porte. Il est trés inquiet, la police française est passée la chercher , ils veulent la voir immédiatement. Elle apprend qu'elle a été jugé "in absentia" par le tribunal allemand de Bretagne. Elle est condannée à deux mois de prison . Claude et Jean connaissent des collaborateurs, ils leurs demandent d'intervenir, ils refusent. Claude se retrouve pour deux mois à la santé.


Dorsenne est arrêté par la Gestapo le 19 février 1942, ce jour là Claude est revenu de l'école pour déjeuner. On frappe à la porte, c'est elle qui va ouvrir. La police est venu arrêter Jean, mais Jean avais quitté la maison pour retourner à son bureau. Claude essaie de telephoner à Jean pour l'avertir. Chaque fois qu'elle demande le poste de Jean Dorsenne, on coupe la communication. Elle comprend tout de suite que les Allemands attendent Jean au bureau du journal des Débats. Le procès n'est pas tès honnête. Il y a une inssuffisance de preuves contre Jean, mais tout de même, il passera un an à la Santé puis sera déporté en camp . Après le 19 fevrier 1942, Claude ne reverra plus jamais son beau-père.

Avril 1945, Bruce est au courant vu sa position à l'état-major des dates de libération des camps, et donc il sait que les alliés vont libérer Buchenwald. Il se procure une Jeep et muni d'une photo, il cherche Jean dans la foule des français tout au long de la route qui mène au camp. Il arrive à Buchenwald sans avoir trouvé Dorsenne. Bruce rentre à Paris, les rumeurs surgissent de partout. Jean est vivant, Jean est mort...Une amie de Claude qui travaille avec les rapatriés enquête sur le sort de Dorsenne. Un jour elle telephone à Claude pour lui demander de venir. Elle a des nouvelles de Jean; il est mort. Claude n'a pas le courage de l'annoncer à sa mère, d'abord elle veux vérifier...

On fête les fiançailles de Claude avenue Victor Hugo. Parmi les invités, il y a un certain colonel Lugai. ce colonel sera affecté à New-York plus tard, Bruce le sollicitera lorque, de retour aux USA, il fera tout pour faire venir Claude et sa mère. Tous les bateaux sont pris par les militaires.C'est André Malraux, alors ministre de la propagande et ami , qui fourni à Claude et sa mère Sofia à la fin de la guerre un certificat fictif pour rejoindre Bruce aux USA. Munies de ces papiers, Claude et Sofia passent l'ambassade américaine ou elles se procurent des visas. Le lendemain de leur embarquement, Malraux est démissionné, sa signature n'a plus de valeur...Ouf, il était temps. Ils embarquent sur un bateau nommé le Georges Washington, leur premier hôtel s'appelle le Georges Washington,23 rd Street NY, et elles débarquent aux USA le 22 février 1946 , jour de l'anniversaire de Georges Washington, ce qui a alimenté des jeux de mots de Sofia et Claude sur l'Amérique. Bruce va les accueillir au port.

Dans la piscine
Chez Claude et Bruce.

Juillet 1999

Le 23 février 1946, Claude et Bruce se marient à l'Eglise Presbytère, 5 th Avenue à New-York

Bruce et Claude sont en Angleterre depuis 6 ans, cependant leur maison, qui date du XIV me siècle, est en vente car ils envisagent de retourner vivre en Floride USA. Ils ont choisi de s'y installer car Bruce y avait d'anciens collègues et amis. Celui-ci a travaillé dans la PUB et a été vice président d'une des plus grande agence aux USA. Il a aussi écrit des scénarios pour la télévision américaine.

Claude est vive, a l'esprit jeune,  elle a le sens du contact et l'esprit d' à propos.
Dorsenne adorait les chats, le leur s'appelait KOTIK, un des personnage du livre de la jungle de Kipling. Claude aurait voulu que j'eus un Chat.

Blanche, Nicole et Claude en France dans la Beauce. Non, ce n'est pas Romy Schneider. C'est Blanche Hill, une amie de Claude. Elle était manequin et faisait la Une des magazines de mode américains.


A propos de l'engagement de Dorsenne dans la résistance, Claude se souvient lui avoir dit ;" Tu ne vas tout de même pas t'engager dans la résistance, mais tu as une famille, tu te rends compte que tu as une famille", et Dorsenne de répondre; "s'il n'y avait que les gens sans famille..."
Claude en veut à Malraux d'avoir influencé Dorsenne à s'engager dans la résistance.
La mère de Claude ,Sofia s'est marié trois fois . Un premier mariage avec un Mr Sleven, d'où est né un fils James (Colorado-USA ), un Deuxième mariage avec un Mr Outhier, d'où est née Claude. Un troisième mariage avec Dorsenne. Apres sa mort, elle ne se remariera pas mais a eu quelques aventures aux USA. La mère de Claude, Sofia Cueto faisait partie d'après Bruce de le "Jet Société" argentine. Sa famille possédait immeubles et propriétés mais ont été en partie ruiné avec la deuxième nationalisation du pays par Peron. La mère de Sofia , Clara Dolores de Machain était d'ascendance noble, ce qui fait prononcer à Bruce ce mot d'esprit typiquement américain; "Ca et une pièce de cinq francs et tu peux t'acheter un café".
Il y a dans la salle à manger des Stauderman, un portrait de Sofia. Ce portrait a était peint par la nièce de Louis Laloy. Louis Laloy, secrétaire général de l' Opéra de Paris était un grand ami de Dorsenne et de longue date .Ce dernier était témoin de son premier mariage avec Micheline Picard. Louis Laloy était maire d'un village dans les Vosges et a écrit un livre où il parle de Dorsenne; "La musique retrouvée"
Claude se souvient de leur appartement du 11 avenue Victor Hugo, appartement qui occupait tout l'étage au 5 me. Elle se souvient, adolescente ,qu'elle assistait aux conversations assise dans un coin lors des soirées où Sofia et Dorsenne recevaient leurs amis ( Francis Carco, Vincent Muselli, Georges Reyer, Calderan, Maurice Bedel qui a battu de justesse Dorsenne au Goncourt en 1927, Gaston Cherau...). Elle assistait à ces conversations jusqu'à ce que sa mère lui dise d'aller coucher car il était tard.
Les relations entre les deux femmes de Dorsenne sont ambiguës et empruntes de rivalité. Dorsenne se remarie civilement (Paris 5me Arr) avec Sofia née Cueto, neuf mois après son divorce avec Micheline Picard. Elles ont sûrement beaucoup inspiré Dorsenne dans ces romans qui sont à mon sens pour la plus part autobiographiques. Claude n'appréciait guerre Micheline Picard qu'elle trouvait bizarre, pas très jolie. Ce n'est que quatre ans après ce mariage civile que Jean à et Sofia se marie en grande pompe car Clara, la mère de Sofia y tenait beaucoup (Claude doit avoir entre 11 et 12 ans)
Micheline Picard après son divorce s'est remariée avec un allemand nommé &Laske avec qui elle a eu une fille Axelle . Dans l'appartement du 11 avenue Victor hugo dont Bruce nous a fait le plan, Micheline Picard y venait parfois dormir avec sa fille en bas age dans la chambre d'amis aménagée pour la circonstance. Les rapports semblent alors assez tendus, les bijoux de la famille Cueto ont disparus, peu de temps après, Micheline Picard mène grande vie...Micheline Picard, journaliste, écrivait aussi, avait elle du succès, Claude ne le sait pas. Les rapports qu'elle entretenaient alors avec Dorsenne n'étaient il que professionnels...Notons que Micheline a tout de même partagé la vie de Dorsenne pendant dix ans et an particulier pendant sa période Tahitienne de 1921 à 1924.
Claude a connu la mère de Dorsenne qu'elle appelait Madame Troufleau Elle a eu connaissance de Charles Troufleau ( Poète, oncle de Dorsenne, inscrit aussi au Panthéon ), précise qu'il est mort en 1916, alors..." Il y avait peu être des livres de Charles dans l'appartement , mais il y en avait tellement...
Claude n'a pas connaissance non plus de Louise, tante de Dorsenne (directrice d'école à Brest) qui pourtant l'a élevé alors qu'il avait 10 ans à la mort de son père Jules (proviseur de lycée).Visiblement, nous apprenons quelque chose à Claude lorsque nous lui dévoilons l'enfance de Dorsenne. Jean ne devait pas en parler souvent
A l'évocation de la mort de Gérard Troufleau (et sa femme Annie) neveu de Dorsenne en juillet 1992 suite a un accident de voiture à la sortie de Nantes, Bruce et Claude compatissent, ils l'ont vécu comme un grand malheur .Visiblement il se connaissait bien.

cla4.jpg (25230 octets) Nicole, son mari, Blanche et Claude au Colorado.
Au revoir Claude (Palm Beach - Eté 1999)

 

Au milieu du séjour aux USA qui a duré quarante ans, de 1946 à 1990, il y a eu une période de cinq années vers 1960 où Bruce a dû travailler à Paris dans la PUB. Cela doit être à cette époque qu'il ont repris contact avec Maxime le frère de Dorsenne. Maxime était brillant, intelligent, mais avec un sale caractère, tout le contraire de Dorsenne, gentil, doux.. Claude a toujours trouvé cela bizarre. Je lui propose l'explication suivante que Dorsenne a été élevé par une femme Louise après l'age de 10 ans à la mort de son père, alors que Maxime qui était son aîné de 6 ans avait son caractère déjà bien formé.
IL y a dans la maison des Stauderman, outre le tableau de Sofia Cueto ,dans la salle à manger, des photos de Francis Carco et de sa femme, très jolie femme, .Claude se demande comment une belle femme comme cela a pu épousé un affreux pareil (en fait, Carco, a 20 ans n'était pas mal),la femme de Carco a tout abandonné pour aller vivre avec lui .Sur un autre mur, l'on aperçoit la photo de Romy Schneider ainsi qu'une photo de Bruce avec une actrice américaine, bras dessus, bras dessous. Ailleurs des photos de la famille aux USA ainsi que des photos prises à Tahiti où ils ont séjourné sur les traces de Dorsenne...où on les voit entourés de belles vahinés.
Sur le mur aussi, une très belle photo de Dorsenne au milieu de ses livres dans son appartement parisien, photo qu'elle nous prête pour reproduction, non sans l'avoir embrassée auparavant. Sur le buffet une autre photo de Dorsenne, celle paru en couverture du journal "illustration", certainement la plus belle de lui, celle qu'elle emportait partout avec elle lorsqu'en 45, elle enquêtait sur sa disparition auprès de ses camarades de camp.
Pour notre venue, Claude a regroupé quelques papiers, un carnet où il notait ses impressions; journal d'écrivain, quelques lettres dont celle pliée en quatre et cousue dans une manche, adressée à sa femme, qu'un maçon français avait pu sortir de la Santé à l'issu des gardiens. Pour nous aussi ce bel interview de Madame Dorsenne à Montréal le 11 mars 47 o e poète. Muselli qui lui écrivait des poèmes dont l'un est affiché au mur. Muselli dont elle me récite un de ses plus beau poème. Sur le mur aussi, un diplôme adressé à Dorsenne par l'empereur d'Annam .
Il faut dire que la maison de Claude est un véritable musé Dorsenne.
JEAN , auquel elle avoue penser chaque jour...

 

Ce site Web à été ouvert

le 8 juin 2000 à 19h00